Nous sommes en 1970 et un livre Libres Enfants de Summer Hill marque les esprits ! L’auteur, Alexander Sutherland Neill, raconte son expérience des “communautés scolaires libres” qu’il a créé en Allemagne et en Angleterre.
Le principe de son école ? Toutes les décisions sont prises à égalité par les élèves et enseignants. Ce principe a guidé Alain Savary, ministre de l’éducation, quand il a lancé quatre établissements autogérés publics en 1982. A l’heure actuelle, deux sont restés fidèles à ce principe : le lycée expérimental de Saint-Nazaire et le lycée autogéré de Paris.
A Saint-Nazaire, ni proviseur, ni conseiller principal d’éducation. Pas non plus de secrétariat ou de personnel d’entretien. Ils gèrent tous ensemble les tâches pédagogiques et administratives, la cuisine, le ménage etc. Les élèves peuvent même se retrouver en train de nettoyer les toilettes avec un professeur, cela crée du lien entre élèves et professeurs, totalement différents que ce que l’on peut connaître à l’école traditionnelle !
La cogestion se retrouve également dans l’enseignement. En effet, les professeurs préparent leur cours avec les élèves ! Les adolescents choisissent également leurs emplois du temps : le matin ce sont des ateliers pluridisciplinaires avec des classes de niveau mélangées, plus tournés vers des travaux de recherche et d’échanges ; l’après-midi, ce sont des activités plus tournés vers des savoirs faire formels, sans matières cloisonnées.
Dans l’école : pas de classes ! Ce sont des “groupes de base” qui regroupent une vingtaine d’élèves et trois enseignants. Trois fois par an, durant deux semaines, chaque groupe assurera la gestion de l’établissement.
Dans l’école : pas de notes ! Les élèves s’auto-évaluent eux-mêmes. Ils peuvent ne pas passer le bac si tel est leur choix, et même manquer des cours sans sanctions. Cette absence de cadre semble cependant expliquer le taux d’absentéisme important et les faibles résultats au baccalauréat. Mais pour eux, ce n’est pas la performance scolaire qui compte mais plus le bien-être de l’élève : son épanouissement, ses savoir-faire acquis, son autonomie et sa confiance en soi.
La question se pose alors : tous les adolescents y seraient-ils prêts ? Pas sûr… Les élèves trop jeunes ou déstructurés pourraient voir le manque de cadres comme insécurisants pour eux. Pour entrer dans le lycée, les élèves doivent donc d’abord passer un entretien. Ils viennent de toute la France et ont souvent connus des sytèmes tels que Montessori, Freinet, Steiner, l’école à la maison ou bien sont sortis de l’école traditionnelle pour cause de mal-être.
Mais ce ciblage de jeunes “hors-systèmes” ne freinera-t-il pas l’étude ? Marie-Anne Hugon, professeure en sciences de l’éducation à l’université Paris-X, explique que si une expérience pédagogique est limitée aux marges, alors elle ne fait pas bouger l’ensemble. Peut-être serait-il intéressant d’ouvrir cette expérimentation à un plus large éventail d’élèves ?
Source : Revue Sciences Humaines