Vous lui avez répété 20 fois, d’arrêter de courir, crier, taper ou de se déconnecter de son écran…sans grand succès. Vous avez même testé toutes sortes de punitions, en espérant impacter positivement son comportement et qu’il ne recommence pas ! Et pourtant rien y fait, il continue! Alors, pourquoi les punitions sont inefficaces et comment les remplacer?
Mise au coin, isolement dans la chambre, au lit sans dessert, interdiction de sortie ou de portable, et à l’école avec des lignes à copier ou une privation de récréation… le catalogue des punitions ne cesse de regorger de nouvelles idées. Que ce soit à l’école ou à la maison, les punitions ont toujours existé. Mais sont-elles vraiment efficaces ? Un enfant puni sera-t-il forcément plus obéissant ? Mais peut-on vraiment élever sans punir ? Quelles sont les alternatives ? Comment réagir concrètement quand l’enfant s’oppose, tape, répond ?
Qu’est-ce qu’on entend par punition ?
On définit la punition comme l’action d’infliger une peine pour un manquement à un règlement.
Une punition est une sanction qui a été intentionnellement choisie pour être pénible.Elle fonctionne sur le mode de la dissuasion. Elle doit être suffisamment désagréable pour que l’enfant ne recommence pas.
Peut-on réussir une éducation sans punition ?
Oui ! car les menaces, cris et punitions ont clairement démontré leur inefficacité. L’effet attendu est souvent contraire. La punition, en effet, entraîne souvent une réitération de la transgression, mais aussi de la frustration, voire de la rancœur, de la rébellion et une baisse d’estime de soi. On pense que l’enfant puni va réfléchir et ne pas recommencer, hors sous l’effet du stress, son cerveau est incapable de raisonner.
Selon Burrhus Frédéric Skinner psychologue américain : « La punition n’apprend qu’une seule chose : à éviter la punition ! »
Les punitions tombent souvent quand les adultes sont fatigués, qu’ils n’ont plus d’autres choix que de sévir. Elles tombent sans être réfléchies ou anticipées. Elles sont souvent disproportionnées. On s’attaque souvent à la conséquence mais plus rarement à la cause.
Dans aucun cas, elle amène au discernement, à la prise de conscience, ou à l’amélioration d’un comportement jugé inapproprié. Les adultes culpabilisent souvent après une punition qu’ils regrettent presque instantanément.La punition donne juste envie de revanche : la prochaine fois, je recommencerais, je ferais en cachette et je ne me ferais pas prendre. Elle peut entraîner de la rebellion, je vais faire l’inverse de ce qu’ils me demandent, ou je me ligue avec mes frères et sœurs, mes copains pour transgresser les règles. Enfin, elle peut aussi mener au retrait de l’enfant, qui peut se cacher, se sentir honteux, triste ou appeuré.
Pas de punition… Mais n’y a-t-il pas de risques avec une éducation permissive?
Ne pas utiliser de punition ne veut pas pour autant dire laisser l’enfant tout faire.
- Repérez les situations qui vous posent problème et soyez proactifs. Anticipez en réfléchissant à ce que vous souhaitez améliorer. Il est important d’adapter l’environnement et de mettre en place des routines rassurantes pour l’aider au quotidien. Vous aimeriez qu’il range ses affaires mais le porte-manteau est-il à sa hauteur ? Vous souhaitez qu’il fasse ses devoirs en arrivant de l’école, mais a-t-il pris le temps de bouger ou de goûter ? Un enfant averti du planning, informé des rituels ou impliqué dans l’organisation sera plus motivé et coopérant.
- A vous d’établir trois règles courtes, claires, précises, centrées sur le positif soit sur le comportement attendu des enfants. Annoncez aussi à chaque enfant ce que vous attendez de lui. Soyez précis : « Tiens toi bien à table » ou « Sois poli » ne veut rien dire. Prenez le temps de discuter et de l’interroger pour vous assurer qu’il ait bien compris ce que vous attendiez de lui.
- Centrez-vous sur le positif ! A force de faire remarquer le comportement négatif : « Dépêche-toi, applique-toi, arrête de crier… » vous le renforcer sans le vouloir. Un enfant préfère être puni qu’ignoré ! Cessez de faire remarquer en permanence ce qui ne va pas. Lorsqu’on dit à un enfant qu’il est bougeon, sot, pénible, insolent… cette étiquette peut lui coller à la peau longtemps. Au contraire, plus vous remarquer les petits pas dans la bonne direction et plus l’enfant ou l’adolescent sera motivé à poursuivre ses efforts.
Comment réagir face à un « comportement indésirable » ?
Vous pouvez utiliser la méthode revisitée du 1,2,3…
- Lorsque l’enfant s’oppose, s’énerve, fait l’inverse de ce que l’on souhaite… Prenez du recul et observez le : pourquoi se comporte-t-il ainsi ? A-t-il besoin de bouger ? A-t-il faim ? Est-il fatigué ou en colère ? Quel message veut-il me transmettre ? Vous pouvez aussi exprimer ce que vous voyez : «J’ai l’impression que tu es très énervé contre ton copain Tom ; es-tu triste de ne pas avoir été invité à son anniversaire ? »
- Vous pouvez ensuite rappeler calmement la règle de vie et lui proposer des alternatives : Comment peut-il gérer sa colère, sa frustration, son excitation ? A-t-il envie de prendre l’air ? De boire un verre d’eau fraîche ? De marcher un peu ? De malaxer une balle anti-stress ?…
- Enfin, n’hésitez pas à lui offrir une seconde chance, à rejouer la scène en terminant par un scénario plus adapté, à réparer ou à s’excuser.
A l’école, vous pouvez développer les compétences sociales, cognitives et émotionnelles que sont l’empathie, la gestion du stress, la coopération, le discernement, l’esprit critique ou l’estime de soi. Toutes ses compétences permettent aux enfants d’apprendre à se connaître, à mieux gérer ses émotions et ses relations aux autres. L’ambiance de la classe s’apaise, les élèves sont plus motivés, respectueux et même heureux de venir à l’école !
Devenez un parent, un enseignant, un accompagnateur qui calme et encourage tout en donnant un cadre rassurant. Faites-vous confiance, n’oubliez pas que vous êtes le capitaine du navire et que les enfants seront plus épanouis et confiants si vous êtes sereins et réconfortants. Stoppez toute culpabilité, cris, menaces et punitions et prenez soin de vous. Pour vous aider, n’hésitez pas à développer de belles valeurs : le respect, l’entraîde, le soutien, la gratitude, la fierté, l’émerveillement, la tendresse ou la délicatesse… Multipliez toutes les petites attentions… et vous serez bientôt surpris de voir que les enfants vous imiterons très vite.
Marie Costa