“Qu’on leur dise que tu es autre chose
qu’une boîte qu’on gave de savoir.
Quelqu’un qui pense le monde,
qui le rêve, qui le dit,
et qui fera le monde demain“
S. Roubato Trouve le verbe de ta vie, ed. La Nage de l’Ourse
Pourquoi ce nouveau média de lettres ?
C’est avec ces mots que Sarah Roubato termine sa lettre à un adolescent, Trouve le verbe de ta vie. L’écrivain franco-canadienne qui s’est inventé un chemin transversal, souhaite ouvrir le champ de possibles aux plus jeunes :
“Dans une société où les générations sont cloisonnées, lycéens et jeunes adultes sont de plus en plus cantonnés à être des consommateurs passifs de savoir plutôt que des citoyens en devenir. Il leur faut réinventer le monde, mais on ne les inclut pas dans le débat public. J’ai voulu créer un espace où ils puissent être sujets et acteurs, où ce serait à eux de nous parler du monde.”
Ce site est une fenêtre d’accès au regard que portent les adolescents et les jeunes adultes francophones sur notre époque. Sur le modèle du livre Lettres à ma génération (ed Michel Lafon) de Sarah Roubato, les 15-25 ans sont invités à écrire une lettre à un destinataire qui ne peut pas répondre (un personnage du passé, un sentiment, un phénomène de société, un objet, un lieu…).
“Lorsqu’on écrit à un destinataire qui peut potentiellement répondre, on commence à écrire et rapidement on se dit : « Ah non, il va penser ça. » Alors on modifie notre écriture en fonction de la réaction supposée du destinataire. Ici, rien à craindre puisqu’il ne peut y avoir de réponse, l’écriture est complètement libérée. Le destinataire permet aussi d’aborder un sujet par un angle qu’on ne soupçonnait pas.”
Qui écrit et sur quoi ?
Les lettres sont anonymes et traitent d’autant de sujets que les jeunes souhaitent aborder : l’angoisse face à l’avenir, la confiance en leur capacité à changer les choses, la conscience écologique, la critique de la société de consommation, leur besoin que l’école change, leurs passions, leurs peurs…
“Ils démontent tous les clichés qu’on peut avoir sur cette génération. Ils sont curieux, font preuve d’une auto-critique impressionnante. Ils écrivent sur leurs blessures mais aussi sur leurs espoirs. Nous avons aussi reçu des lettres poignantes sur des expériences traumatisantes : viol, anorexie, dépression, hypersensibilité qu’ils exprimaient pour la première fois. Mais aussi des lettres pleines de légèreté comme la lettre à la vieillesse d’une jeune fille qui aime aider les personnes âgées, lettre à ma barbe, lettre à ma poule, ou lettre à la pensée positive. Parfois ils écrivent pour les autres, comme la lettre à mon estime d’un jeune transgenre écrite pour encourager d’autres personnes à prendre confiance en elles, ou la lettre à lettre au fils de rien pour parler des enfants de la Ddass.
Le site est ouvert à tous les jeunes de la francophonie. “Nous avons reçu des lettres de Côte d’Ivoire, du Canada, de Belgique, et j’espère développer encore des partenariats au-delà de la métropole. Nous recevons des lettres de jeunes qui vivent dans des campagnes reculées, dans des banlieues et en plein centre ville.”
Comment participer ?
Pour participer, il suffit d’avoir entre 15 et 25 ans et d’être francophone. Les lettres sont anonymes, juste un prénom, qui peut évidemment être un pseudo, à envoyer à lettresd1generation@gmail.com. Le sujet et la longueur sont libres. À la réception, nous proposons à l’auteur des modifications ou des ajustements, on l’accompagne dans le processus d’écriture pour aller au bout de ce qu’il cherche à exprimer.
Toute personne qui travaille avec les jeunes peut se saisir de notre média comme un outil d’apprentissage (dans le cadre d’un cours de français, d’histoire, de philo…) de guérison (dans un processus d’accompagnement psychologique), d’accompagnement social ou culturel.
Des événements peuvent être organisés autour des lettres, des partages multimédias, on est ouvert à toutes les propositions…
Pour en savoir plus : www.lettresdunegeneration.com