La rentrée bat son plein, et avec elle, souvent le retour à la vie citadine, au béton, à la pollution sonore, visuelle et de l’air. Pourtant, nous étions si bien cet été dans cette campagne, dans ces montagnes, au bord de la mer ou tout simplement dans ce parc. Nous avons goûté à la beauté d’un coucher de soleil, à la sensation de liberté dans des espaces vides de toute agitation humaine. Les vacances ont souvent pour bienfaits de nous reconnecter à la nature et donc à la vie. Pourquoi la nature nous fait-elle autant de bien ? C’est parce que nous sommes intrinsèquement liés à elle. Elle nous attire, nous ressource, et joue un vrai rôle dans notre santé physique et mentale. Découvrez le lien magique qui nous unit à elle !
Le meilleur des médicaments
La nature est si bien faite qu’elle nous offre ce dont nous avons besoin pour construire notre système immunitaire. En effet, la population microbienne nous permet de développer une protection efficace contre les maladies, et la simple vue de la nature permettrait même d’accélérer les processus de guérison.
En 1984 déjà, le chercheur américain Roger Ulrich, pionnier en matière de recherches sur l’environnement et la santé, avait réalisé une étude sur des patients ayant subi une ablation de la vésicule biliaire. Un type de chirurgie souvent douloureux en phase postopératoire. Les patients étaient séparés en deux groupes. L’un avait une chambre donnant sur un mur de béton, tandis que l’autre profitait d’une vue sur le parc. Le chercheur a ainsi observé plusieurs paramètres. Le nombre de jours d’hospitalisation, le nombre de prises d’antidouleurs ou encore le jugement des infirmiers sur le rétablissement des patients. Les résultats observés furent évidents ! Les patients ayant une vue sur les arbres sont restés moins de temps à l’hôpital, ont rapidement diminué la prise d’antidouleurs, et ils étaient d’une humeur plus sereine et détendue.
Depuis, de nombreuses études ont démontré ces bienfaits. Et la nature fait d’ailleurs partie intégrante des traitements dans certains pays. Au Japon par exemple, les médecins prescrivent le shinrin yoku ou bain de forêt, pour toutes sortes de maux ! En France, on parle de sylvothérapie.
Un super anti-stress
Il suffit de quelques minutes en pleine nature pour se sentir apaisé et voir ses pensées compulsives ralentir voire s’arrêter. Plusieurs études démontrent d’ailleurs qu’un environnement naturel et sain provoque une réduction du stress, de la dépression, et même une amélioration de l’estime de soi et du sentiment de bonheur. Alors, comment est-ce possible ?
C’est ce qu’a voulu comprendre Gregory N. Bratman, chercheur à l’université de Stanford. Il a organisé une expérience en 2015, qui consistait à envoyer deux groupes de volontaires en promenade. Un groupe marchait à travers les bois, tandis que l’autre devait arpenter une route très fréquentée. Tout au long de la balade, à l’aide de capteurs, les scientifiques ont pu évaluer la respiration, le rythme cardiaque et l’activité cérébrale des participants. Puis, au terme de la sortie, chacun a passé une IRM.
Les résultats ont démontré que le groupe qui avait longé la route était dans un état de stress plus important que celui qui avait traversé les bois, qui était beaucoup plus apaisé. Les images de leurs IRM montraient que la marche avait atténué l’activité cérébrale dans la région ventro-médiane du cortex préfrontal, une région impliquée dans la modulation des pensées de rumination (nos fameuses pensées compulsives !). Selon les chercheurs, ces conclusions iraient clairement dans le sens d’un lien de causalité entre la progression de l’urbanisation et celle du taux de maladies mentales.
Une alliée en gestion des émotions
En complément de ses effets sur notre santé physique et sur notre bien-être mental, Dame nature prend également soin de nos émotions. Elle nous éduque et nous fait grandir par la diversité des sensations qu’elle nous offre. Elle contribue fortement à maintenir un équilibre sur les plans physiologique et psychologique.
Des chercheurs du centre pour la recherche en épidémiologie environnementale de Barcelone ont établi un lien entre la présence d’espaces verts à proximité des écoles et le développement cognitif et émotionnel de l’enfant. L’étude a été réalisée entre 2012 et 2013, sur plus de 2 500 écoliers âgés entre 7 et 10 ans, dans 36 écoles. Les résultats concernant les bienfaits de la nature sur la santé émotionnelle des enfants furent nombreux.
Ils mettent notamment en lumière une gestion des émotions facilitée, expliquée par le fait que la nature, inspirant une variété d’états émotifs, comme la surprise ou l’émerveillement, améliore les aptitudes psychologiques et différents aspects du développement cognitif. Elle aurait également une influence sur les habiletés sociales, en permettant à l’enfant d’avoir davantage confiance en lui, ou d’entrer plus facilement en contact avec les autres. Enfin, selon l’étude, les jeunes qui passent du temps à jouer à l’extérieur démontrent une plus grande créativité et développent une attitude coopérative dans leur façon de s’amuser et d’agir en général.
Le concept de « trouble de déficit de la nature »
Malgré tous les bienfaits que nous offre ce lien avec la nature, nous n’avons jamais, dans l’histoire de l’Humanité, été aussi éloignés d’elle. Plus de 50 % de la population vit dans des zones urbaines, et en 2050, cette proportion sera de 70 %. Bien que l’urbanisation a de nombreux avantages, elle est également associée à des niveaux accrus de maladies mentales, comme les troubles anxieux, le stress, la peur et la dépression.
Ce nouveau mal des temps moderne a donné lieu au concept de Nature-Deficit Disorder, ou trouble de déficit de la nature, initié par l’écrivain américain Richard Louv. À la suite de nombreuses recherches sur le comportement des enfants, notamment occidentaux, il est arrivé à un constat alarmant. En plus des effets de l’urbanisation, la peur de l’autre, de l’étranger, poussent les parents à garder les enfants à l’intérieur de la maison plutôt qu’à les envoyer jouer à l’extérieur. Et en l’espace de 30 ans, la relation entre la nature et les enfants s’est profondément modifiée, avec tous les risques que cela comporte. Un mouvement qui va en s’accélérant, la prolifération des écrans y étant également pour quelque chose.
Ainsi, vous l’aurez compris, il est grand temps de recréer ce lien, et vous trouverez pour cela plein d’idées dans cet article !
Vous voulez profiter des bienfaits de la nature dans votre vie ? Peut-être faut-il commencer par réguler l’utilisation de nos écrans pour se reconnecter à elle. Le prochain numéro du magazine Innovation en Éducation y est consacré. Comment reprendre le contrôle des écrans ? Ces outils technologiques remarquables qui, si nous nous laissons dominés par eux, nous coupent de la nature et de ses bienfaits.
