Grossesse vegan : est-ce possible et sans danger ?

Peut-on passer sa grossesse en étant végan ?

Bien manger pendant sa grossesse est important pour le bon développement du bébé à naître, mais aussi pour la santé de la mère. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il faut absolument manger de la viande ou du poisson. En effet, certaines femmes font le choix de poursuivre leur engagement en faveur d’une alimentation 100 % végétale, même enceintes. Y a-t-il du changement dans l’accompagnement médical ? Que doit-on surveiller quand on ne se nourrit pas de produits d’origine animale ? Y a-t-il des risques pour bébé ? L’essentiel de l’information pour une grossesse vegan sereine, sans renoncer à ses convictions.

Un suivi médical classique pour une grossesse vegan

Végétaliennes, omnivores ou végétariennes : la majorité des femmes enceintes n’échappe pas à la supplémentation afin d’assurer des apports suffisants. En effet, au cours de la grossesse, les besoins énergétiques augmentent (surtout lors du 2e et 3e trimestre).

Selon la diététicienne, Émeline Bacot, le suivi de la femme enceinte végétalienne ne diffère pas. Une grossesse végane ne demande donc pas un accompagnement particulier. Ce qui signifie que les futures mamans n’ont pas besoin de plus de consultations que les sept visites prénatales, hormis en cas de problème, comme pour toutes les autres femmes.

Les prises de sang prescrites par les professionnels de santé, qu’il faut d’ailleurs prévenir de tout régime alimentaire spécifique, suffisent à déterminer les carences nutritionnelles et à agir en conséquence. 

Trois carences fréquentes chez la femme enceinte végane

1 – Le fer

Pendant la grossesse, vos besoins en fer sont plus élevés tout comme les risques de faire de l’anémie. Le fer présent dans la viande est mieux absorbé par l’organisme que celui contenu dans les végétaux et les aliments enrichis. 

Toutefois, pour faciliter son absorption, vous pouvez inclure à chaque repas un aliment riche en vitamine C (agrumes, brocolis, melons, poivrons, etc.) en plus des légumineuses, céréales ou encore des graines de courges et des fruits à coque, par exemple.

Grossesse vegan : est-ce possible et sans danger ?

De plus, les céréales complètes et les légumineuses contiennent dans leur enveloppe de l’acide phytique. Cette biomolécule empêche la bonne assimilation des nutriments. C’est pourquoi il est conseillé de faire tremper les lentilles, les fèves, le blé ou le riz complet avant de les cuire. 

2 – La vitamine B12

Cette vitamine, sous une forme active et utile pour l’organisme, se retrouve presque uniquement dans les aliments d’origine animale : viande, œuf et poisson. Bien que le monde végétal fournisse des molécules assimilées à la B12, elles sont inactives et donc… inefficaces. 

La vitamine B12 est la grande absente de l’alimentation végane. Et pourtant, elle est indispensable chez la femme enceinte végétalienne. En outre, elle permet une meilleure absorption du fer et aide au bon développement de l’embryon lorsque son alimentation est 100 % végétale. 

3 – L’iode

L’iode est un minéral crucial pour la thyroïde, qui se retrouve dans les produits de la mer et dans le sel de table iodé. Il ne faut donc pas négliger son rôle capital dans la santé de la femme enceinte. 

Pour s’épargner toute carence, mieux vaut éviter la consommation d’algues. En effet, elles présentent des taux d’iode trop irréguliers et parfois excessifs. À la place, préférez un complément conseillé par votre médecin, dont le taux est stable et plus adapté aux besoins réels.

Le véganisme et l’allaitement ne font pas mauvais ménage

Cas n°1 : j’allaite mon enfant

Après la grossesse, une autre période suscite des interrogations et son lot d’idées reçues : l’allaitement. Parmi les principaux questionnements : mon lait va-t-il être assez nourrissant pour mon bébé ? 

Pour répondre à cela, il convient de dire que l’alimentation de la femme enceinte n’influe pas sur la teneur de son lait en lipides, en sels minéraux, protéines, vitamine K et cholestérol. Par contre, ce qu’elle mange a une influence sur la teneur en vitamines du groupe B, A, C et D, ainsi que sur la composition en acides gras et en certains enzymes à base de sélénium (oligo-élément essentiel à l’organisme). 

Grossesse vegan : est-ce possible et sans danger ?

Il est donc important de réaliser des bilans sanguins réguliers pour déceler d’éventuelles carences alimentaires qui conduiraient à la nécessité de prendre des compléments alimentaires.

Par ailleurs, contrairement aux idées reçues, le lait des mères végétaliennes contiendrait moins de polluants environnementaux tels que les pesticides ou les métaux lourds que le lait des femmes qui consomment des produits animaliers. 

Cas n°2 : je n’allaite pas mon enfant

Bien que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l’allaitement pendant les 6 premiers mois de bébé, il peut arriver que certaines mamans ne le puissent pas, ne le souhaitent tout simplement pas ou aiment donner le biberon en complément. Dans ces cas-là, veillez bien à proposer à votre enfant des préparations pour nourrissons. 

On les appelle les laits infantiles ou maternels « premier âge ». Attention, ils n’ont rien à voir avec les boissons végétales classiques, qui ne sont pas adaptées à leurs besoins.

Pour les bébés vegan, les nourrissons intolérants au lactose (rare, mais possible) ou allergiques aux protéines de lait de vache, plusieurs formules à base de protéines de soja ou de riz existent sur le marché. Elles contiennent tous les nutriments nécessaires à la croissance de votre enfant. 

Les protéines animales ont seulement été remplacées par des protéines végétales. De plus, on y trouve peu de lactose. Ces préparations infantiles sont strictement réglementées et donc totalement autorisées. Généralement, vous les retrouverez en magasin bio ou en pharmacie : 

  • Bébé M (bio) ; 
  • Prémiriz (bio) ; 
  • Gallia soja ;
  • Novalac riz ;
  • Nutrilon soja. 

 

Seules les marques Bébé M (bio) et Prémiriz (bio) utilisent de la vitamine D3 issue de lichen (un champignon associé à une algue). Les autres utilisent de la vitamine D3 provenant de la lanoline de mouton. Pour autant, cela ne doit pas vous dissuader d’utiliser ces produits s’ils devaient être les seuls disponibles. 

La grossesse vegan : ce qu’il faut retenir

  • Oubliez la fausse rumeur qui affirme que lorsqu’on est enceinte, on doit manger pour deux. Mangez plutôt des aliments variés parmi les fruits et les légumes, les aliments riches en protéines végétales et à grains entiers, en quantité raisonnable.
  • Veillez à avoir des apports en protéines à chaque repas (via les légumineuses, céréales et oléagineux en particulier). Mais aussi, des fibres pour le transit (qui est impacté durant la grossesse) grâce aux fruits et légumes verts ainsi que des oméga 3 (huile de colza, par exemple) pour garder un bon moral avant et après l’accouchement.
  • Choisissez avec soin votre médecin, sage-femme et gynécologue. La personne chargée de votre suivi médical et nutritionnel doit avoir connaissance des dernières informations scientifiques en matière d’alimentation végane pour bien vous orienter. Surtout, elle ne doit pas juger votre choix !
  • N’optez pas pour un lait végétal simple (même enrichi en calcium), tout comme le lait de vache, qui ne convient absolument pas à l’alimentation des nourrissons. Il ne peut, en aucun cas, se substituer à l’utilisation des préparations infantiles ou à l’allaitement.

 

Vous l’aurez compris, attendre un enfant et choisir de ne pas consommer de produits animaux, c’est tout à fait possible ! En effet, une grossesse vegan n’est pas dangereuse pour autant qu’elle soit correctement surveillée et que l’alimentation soit adaptée pour couvrir les principales carences qui guettent. 

N’hésitez pas à vous faire accompagner par une nutritionniste ou diététicienne pour vous aider à bien planifier votre alimentation végétalienne, avant, pendant et après votre grossesse.


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