La bonne nouvelle des neurosciences pour l’éducation
Saviez-vous que le cerveau de l’enfant est doté de dix fois plus de connexions que l’internet mondial ? Autrement dit d’un million de milliards de connexions synaptiques ! En effet, tout ce qu’un enfant perçoit de 0 à 2 ans dans son environnement, absolument tout, crée une connexion. Les neurosciences cognitives ont connu un développement fulgurant ces dernières années, grâce notamment aux progrès de l’imagerie cérébrale. Elles visent à étudier et mieux comprendre comment fonctionnent les mécanismes de la pensée humaine : raisonnement, mémoire, attention, motivation, langage, émotions, créativité, etc. Les neurosciences cognitives ont un pouvoir incroyable : celui de grandir dans la compréhension du développement de l’enfant. Et nos comportements ont un impact phénoménal sur le bébé dès les premiers jours de la vie !
Émotion et cerveau : quel rapport ?
Les émotions sont engrammées dans le cerveau. Nous avons le « logiciel » prévu pour cela. Plusieurs systèmes émotionnels y cohabitent et les sciences permettent de mieux en mieux comprendre ce qu’il se passe.
Le système émotionnel le plus étudié est celui de la peur : il nous permet de faire face aux dangers. Dès que notre cerveau identifie quelque chose de potentiellement dangereux, l’amygdale réagit et envoie de l’adrénaline afin d’agir tout de suite. Cela se passe avant même que nous ayons pu réfléchir et nous dire « attention, ça pourrait être dangereux ». C’est ce qui nous permet d’assurer notre survie : une émotion nous permet une meilleure adaptation à notre environnement.
Il est courant de nos jours de dire que nous pouvons apprendre à gérer nos émotions. Mais en réalité, on ne les gère pas vraiment. Il s’agit surtout d’apprendre à réguler les excès.
Les émotions au stade du nourrisson sont plutôt des réactions
Si l’être humain ne peut pas vraiment « gérer ses émotions » comment un enfant peut-il au moins apprendre à les réguler ? Ça commence très tôt : au stade nourrisson, il ne s’agit pas encore véritablement d’émotions mais de réactions. Par exemple, si le cerveau d’un bébé identifie une menace, son amygdale déclenche le circuit de stress : le bébé crie. Le parent l’entend, le prend dans ses bras et lui parle doucement, il le sécurise.
Il y a une loi dans le cerveau : quand deux neurones sont activés en même temps, ils vont se connecter et être reliés à vie. Dans le cerveau, les zones activées vont être reliées automatiquement aux zones de confort : « j’entends papa ou maman qui me parle », « je me sens confortable », « je me sens en sécurité ». Donc chaque fois que nous vivons quelque chose, nous enregistrons une expérience. Et c’est comme ça que petit à petit, l’enfant apprend à réguler ses émotions et à ne plus être envahi par elles.
Accompagner le bébé dans la régulation de ses émotions
L’apprentissage de la régulation des émotions commence dès les premiers jours de la vie. C’est pourquoi il est si important d’intervenir et d’accompagner un bébé dès qu’il pleure, se sent mal ou a peur. Jusqu’à ses 2 ans, l’enfant n’a absolument aucun moyen de réussir à se calmer tout seul. Quand un bébé finit par s’arrêter de pleurer, il n’est pas calmé du tout en réalité, le plus souvent, il est juste figé. Aujourd’hui, on le sait grâce à l’imagerie cérébrale : son amygdale continue d’être active et les hormones de stress (le cortisol et l’adrénaline) déclenchent une réaction d’immobilisation, d’inhibition de toute action.
Donc que le bébé continue de pleurer ou qu’il arrête, il est submergé d’hormones de stress dans les deux cas, et son cerveau ne peut pas apprendre à connecter les zones inhibitrices, celles qui permettent de se calmer, avec les zones activées par le stress.
Le rôle capital des parents
Le rôle des parents et des éducateurs est donc essentiel dans cet apprentissage ! On sait aujourd’hui que le petit enfant ne peut pas réguler seul son émotion et qu’il a besoin de l’adulte pour apprendre à connecter les zones cérébrales de la sécurité avec celles de la panique. Cela est vrai à l’école maternelle et encore davantage à la crèche. Il a besoin de l’attention de l’adulte pour pouvoir réguler ce qui se passe.
Chacune des émotions a un sens, une intention, même chez le bébé. Elle est guérissante. Pour beaucoup de parents, leurs propres émotions sont déjà difficiles à appréhender ! C’est pour cela que se pencher sur celles de ses enfants d’un point de vue neurologique peut aider toute la famille à trouver la paix et de développement.
Pour en savoir plus, découvrez le travail remarquable d’Isabelle Filliozat, psychothérapeute et formatrice, spécialiste des émotions.
Retrouvez plus de conseils et d’inspirations sur les neurosciences dans le 2ème numéro du magazine Innovation en Éducation.
Pour aller plus loin, vous pouvez aussi découvrir les richesses de la neuroéducation, un sujet abordé dans le 39ème épisode du podcast Innovation en éducation.